On se focalise ici sur le cas des équations linéaires du second ordre, homogènes, que l'on met sous la forme générique
Rechercher un possible point régulier ou singulier
en
revient donc à étudier le comportement
de
et
au voisinage de
. Un point
est régulier
si
et
sont finis. Il est singulier inessentiel
si
et
admettent une limite finie lorsque
.
Les théorèmes de Fuchs donnent des conditions simples
et explicites pour l'existence de solutions d'équations
de type (). Considérons tout d'abord les cas où
les coefficients sont réguliers. Il est alors possible de les
développer en série entière au voisinage d'un point régulier
, et d'en déduire une solution elle même
sous forme de série entière. Plus précisément, on a
le résultat suivant.
Dans ces conditions, étant donné un point régulier
,
on peut rechercher des solutions de l'équation différentielle
sous la forme
Dans le cas plus complexe où les conditions de régularité sur
et
ne sont pas remplies, les solutions peuvent prendre
une forme un peu plus compliquée.
Supposons que soit un point singulier régulier. L'équation différentielle conduit à
où et sont deux fonctions régulières.
Au voisinage de , on approxime cette équation par
dont les solutions sont de la forme
où et sont les racines de l'équation indicielle
Ceci conduit à des solutions de la forme
où et sont deux fonctions régulières (c'est à dire développables en série entière en )... à l'exception du cas où est entier, voir ci dessous.
Dans le cas où est un point singulier essentiel, les choses sont encore plus complexes, mais on montre qu'il est encore possible de trouver des solutions sous forme de série infinie.
Plus précisément, le résultat est le suivant:
Ainsi, étant donnée une équation différentielle linéaire d'ordre deux, homogène, la procédure à suivre est la suivante:
et en recherchant des solutions à variables séparées
on obtient la forme particulière
étant une constante, dont on verra qu'elle doit être réelle. En effet, les deux membres de cette équation dépendant de deux variables indépendantes, ils sont nécessairement constants. De plus, si on veut que les solutions de l'équation angulaire ci-dessous soient périodiques, il faut nécessairement que cette constante soit négative.
L'équation angulaire se résout facilement, et a pour solution
avec la restriction (notons que si la constante avait eu une partie imaginaire non nulle, les solutions auraient été non bornés).
Passons à l'équation radiale. Elle s'écrit sous la forme simple
ou en posant , et
(2.10) |
On voit facilement que est un point singulier régulier. On peut également montrer l'existence d'un point singulier essentiel à l'infini. Supposons donc une solution de la forme
En insérant cette forme particulière dans l'équation, on obtient
Le terme de plus bas degré (c'est à dire ) nous donne
soit ou . Le terme en donne
donc soit ou .
Choisissons , et donc . Le terme générique donne quant à lui
et donc tous les coefficients d'indice impair sont nuls. On a donc
où est la fonction Gamma d'Euler, définie par l'inégrale
(2.11) |
On a donc obtenu une solution particulière, qui dépend d'une constante . Si on impose une normalisation de la forme
on aboutit à l'expression suivante pour la solution, appelée fonction de Bessel d'ordre et notée
(2.12) |
Le Wronskien, défini par
est donné par
où
On a alors une autre solution, linéairement indépendante, de la forme
(2.13) |
On introduit parfois aussi les fonctions de Hankel de première et deuxième espèce, définies par
(2.14) |
On a alors la propriété d'orthogonalité suivante:
Par conséquent, on peut écrire
d'où on déduit le résultat.
Pour ce qui est de la normalisation, elle peut être obtenue explicitement (calculs non reproduits ici). On pose
et on obtient ainsi une famille orthonormale dans l'espace de Hilbert
En outre, il est possible de montrer que cette famille est complète dans , de sorte que pour toute fonction , on peut écrire, quel que soit ,
(2.15) |
il est possible de montrer que les fonctions de Bessel d'ordre entier s'obtiennent via
(2.16) |
de sorte qu'en posant , on obtient
d'où le résultat (on a utilisé ici le fait que pour tout entier négatif.
(2.17) |
(2.18) |
(2.19) | |||
(2.20) |
(2.21) |
et en supposant que la fonction soit constante, il est possible de montrer qu'en introduisant la variable et la fonction telles que
l'équation en se ramène à une équation différentielle de la forme
(2.22) |
Tout comme les fonctions de Bessel, et bien d'autres systèmes de polynômes ou fonctions spéciales, les polynômes de Legendre peuvent être obtenus à partir d'une fonction génératrice, ici la fonction
Il suffit pour s'en convaincre d'utiliser le développement en série entière de , qui converge pour (pour nous ici, ).
On peut en déduire une relation de récurrence
On montre également la formule de Rodrigues:
Les polynômes d'Hermite sont quant à eux obtenus comme solutions de l'équation
On peut trouver de multiples autres exemples d'intérêt physique. Ils sont toutefois souvent des cas particuliers d'une théorie plus générale, que nous allons brièvement évoquer plus loin.
Bruno Torresani 2007-06-26